mardi 28 janvier 2014

L'impôt, indispensable à l'indépendance économique africaine

Pour renforcer son indépendance économique, l'Afrique doit élargir son système fiscal et collecter d'avantage d'impôts.
Selon des experts réunis vendredi à Paris lors d'un forum international sur l'économie africaine, l'Afrique doit collecter davantage d'impôts et élargir son système fiscal pour accroître ses ressources propres et renforcer son indépendance économique. « L'Afrique doit devenir moins dépendante de la volatilité de l'économie mondiale », a ainsi lancé Stefano Manservisi, le directeur général du Développement à la Commission européenne.

Car c'est aujourd'hui loin d'être le cas. En effet, avec la crise mondiale et l'effondrement du commerce international, la croissance du continent noir est passée de 6 % entre 2006 et 2008 à 2,5 % en 2009 d'après un rapport de la Banque Africaine de développement (BAD) et de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

La présidente du service des revenus nigérian, Ifueko Omoigui Okauru a rappelé que « dès avant la crise, la production pétrolière du Nigeria avait baissée, ce qui avait fait chuter toutes nos recettes fiscales » et a insisté sur le fait qu'« il faut se doter de revenus plus constants » et « qu'on ne peut pas être dépendant d'un seul produit ». Pour l'OCDE, une solution réside dans l'élargissement de l'assiette fiscale et « l'identification de nouveaux contribuables », par exemple par l'extension des taxes foncières urbaines. L'OCDE considère ainsi qu'un système fiscal « plus effectif, efficient et juste » permettrait une plus grande indépendance économique de l'Afrique. Ce défi n'est pas aisé à relever : comment faire payer des impôts à des contribuables qui vivent souvent avec un dollar par jour, et dans des pays dont le secteur informel peut représenter jusqu'à 75 % de l'économie ?

Cependant, des progrès ont été réalisés puisque la pression fiscale en Afrique subsaharienne est passée de 15 % en moyenne dans les années 80 à 18 % en 2005. Un progrès relatif selon la ministre française de l'Economie Christine Lagarde qui estime que « cette évolution repose essentiellement sur une augmentation des taxes et redevances assises sur les ressources naturelles ». D'après elle, le potentiel fiscal doit donc « clairement être mieux optimisé ».

Plusieurs pays ont engagés des réformes, comme par exemple le Maroc qui a élargi son assiette fiscale tout en allégeant la pression grâce à des taxes sur de nouveaux secteurs.

D'autres axes de réforme ont été évoqués : une plus grande transparence du travail des multinationales, la taxation des grosses transactions informelles et une lutte accrue contre l'évasion fiscale. Mais, surtout, l'impôt africain doit gagner en légitimité.

D'après Adeniyi Obe du cabinet Deloitte « l'Etat doit donner des signaux positifs et construire des infrastructures de base » s'il veut que les gens commencent à payer.

Du côté des multinationales, il faut « faire attention à ne pas tuer la poule », comme le rappelle Tom Albanese, le directeur général du groupe minier anglo-australien Rio Tinto, qui poursuit : « Nous réalisons des investissements importants sur le long terme. Nous sommes prêts à payer des impôts mais nous voulons savoir à l'avance ce que nous allons payer. »

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